Par Ludovic BESSIERE, Business Director Hays France & Belgique
La digitalisation de la fonction finance s’accélère et concerne tant les départements financiers de nos entreprises que les cabinets d’Audit et d’Expertise Comptable. Les tâches traditionnelles comptables s’automatisent et les métiers de chacun se transforment. L’enjeu est de taille puisque, si le digital libère du temps, il faut être capable de bien l’utiliser afin d’accompagner au mieux la performance de l’entreprise. La priorité de transformation des outils se situe tout d’abord au niveau du traitement de l’information. On cherche à le fluidifier et le rendre plus digeste afin de prendre les meilleures décisions. Certains sujets sont complexes et tout bon dirigeant a besoin de se reposer sur des informations fiables et actualisées.
En comptabilité, le digital a profondément modifié les façons de travailler : les métiers ainsi que les outils ne sont plus les mêmes. On recrute de moins en moins de collaborateurs pour de la tenue comptable et davantage de collaborateurs pour de la révision. Les process, du traitement à l’analyse des données, ont changé. Les comptes en T ont laissé place aux outils comptables en mode SAAS et la finance poursuit son avancée vers un rôle dans lequel la valeur et le conseil priment sur la technique. On parle beaucoup du rôle de « Business Partner », dans lequel comptables et financiers deviennent partenaires des décideurs et laissent derrière eux des rôles d’enregistreurs de données.
Les comptables occupent désormais des fonctions dans lesquelles la quête de sens et l’analyse sont indispensables à l’exercice du métier. Si l’automatisation apporte un gage de sécurité au traitement, il faut aussi s’assurer que les process sont efficacement mis en place et qu’ils correspondent aux attentes des utilisateurs à un moment donné. Les comptables recherchés sont alors des personnes possédant de bonnes capacités d’analyse leur permettant de faire des choix pertinents et proactives, notamment sur les types d’information à analyser. Si on parvient à libérer du temps pour se consacrer à davantage d’analyses, les évaluations doivent se faire sur des sujets actuels qui évoluent. Les attentes des cabinets portent aujourd’hui sur la capacité à faire face aux changements subis ou voulus. De nombreux éléments viennent impacter l’exercice de leurs métiers, l’innovation sur la technique est constante et les outils changent. Mais dans un marché très tendu où il existe toujours une pénurie importante de profils à tous les niveaux, il est difficile de faire la fine bouche. Ceci étant, les profils les plus convoités sont ceux qui possèdent une grande ouverture d’esprit hors du cadre réglementaire comptable traditionnel. Les « soft skills », c’est-à-dire les compétences liées au savoir-être, sont le premier critère de jugement d’un collaborateur : l’écoute, la sensibilité commerciale, la pédagogie, la gestion des conflits, etc. Les Experts-comptables sont aussi très enclins à identifier des candidats sensibles au digital, aux Systèmes d’Information, aux Data et à l’Intelligence Artificielle.
La digitalisation est une bonne chose, elle pousse les collaborateurs à envisager un métier à plus forte valeur ajoutée dans l’optique d’améliorer la performance des entreprises. Au-delà du cadre légal, c’est une opportunité pour eux de prendre du recul et de diversifier les missions de leur poste. Espérons que la digitalisation parviendra à attirer de nouveaux profils dans la profession et rendra le secteur de la Comptabilité plus attractif pour les jeunes.
Ludovic Bessière – MIC CRC